A l'occasion de mon invitation de vendredi sur France Culture, j'en ai profité pour réviser un peu autour de la thématique de l'émission, dans laquelle il sera très probablement beaucoup question de web participatif et collaboratif. Voici donc, sur le sujet, un mini-florilège de billets déjà publiés sur Affordance :
- A la question : "qui participe et comment ?"
http://www.affordance.info/
et sur le cas "particulier" mais emblématique de la participation dans Wikipédia :
http://www.affordance.info/
- A la question : "que fait-on de cette participation ?"
De belles choses :
– sagesse des foules par exemple : http://www.affordance.info/
– mais aussi indexation collaborative (folksonomies), navigation dans
de gigantesques "silos" de documents et de connaissances …
De moins belles choses (le côté obscur de la participation) :
–
traçabilité des nos comportements et de nos "intentions", de nos
réseaux sociaux, de nos cercles de connaissances : société de
"sous-veillance" et profilage très ciblé de tout un chacun …
- A la question : "Du côté des usages, quel est le résultat "observable" ce cette culture de la participation ?" :
ma réponse : une dérive des continents documentaires : http://www.affordance.info/
- A la question "quel est l'enjeu de la participation et/ou des
contenus générés par les utilisateurs pour les grandes sociétés
marchandes du net ?"
Ma réponse : basculer d'une économie de
l'attention (on prête toujours davantage attention à ce que l'on a créé
ou à ce qui a été créé par des proches ou par des individus "comme"
moi) à une modélisation de l'intention. Francis Pisani parle par
exemple d'une "base de donnée des intentions" pour décrire le
gigantisme des informations collectées et détenues par Google (ou par
d'autres sites comme Facebook). Voir également la notion de "web
implicite" (http://affordance.typepad.
- A la question "comment caractériser la culture de la participation ?"
Un passage de ce billet : http://www.affordance.info/
"la culture de la participation n'est pas l'apanage exclusif des réseaux sociaux.
(…) la vraie bonne question
à poser actuellement n'est plus uniquement celle de la fracture
numérique, mais "de déplacer l'axe de la conversation sur la
fracture numérique des questions technologiques liées à l'accès vers
celles qui se réfèrent
aux opportunités de participer et de développer les compétences
culturelles ainsi que les savoir-faire sociaux nécessaires pour
s'impliquer pleinement." Cette approche est celle défendue par Henry Jenkins dans son dernier rapport intitulé Confronting the Challenges of Participatory Culture: Media Education for the 21st Century (.pdf). A lire absolument. Le rapport contient notamment une très bonne définition de la "culture de la participation" : "une culture
dans laquelle les critères d'expression artistique et d'engagement
civique sont relativement bas ce qui encourage à créer et à participer
[…]. C'est également une culture dans laquelle ceux qui s'en réclament
considèrent que leurs contributions comptent et sentent un certain
degré de connexions sociales entre eux (au moins dans la mesure où ils
attachent de l'importance à ce que les autres pensent de ce qu'ils ont
créé)."
Définition qui a à mon avis pour principal intérêt de ne pas faire de
ladite culture de la participation l'apanage des Geeks et autres
technophiles 2.0, mais de la renvoyer vers des modèles sociaux
(beaucoup) plus anciens et plus prometteurs."
- A la question "quelle granularité de la participation et des objets sur lesquels elle porte ?"
Il faut distinguer différents niveaux de granularité dans la participation (en plus des différents modes participatifs – ouverts, semi-ouverts, déclaratifs, procéduraux … – ) : par exemple distinguer une forme de participation
scientifique pour caractériser le mouvement de l'Open Access
(chercheurs qui déposent leurs articles en texte intégral et en accès
gratuit) et une forme de micro-participation pour désigner les gens qui
déposent de courtes vidéos sur YouTube. Autre niveau de granularité, au-delà des individus et de leurs documents ou fragments de documents, la participation touche désormais des institutions ET des collections patrimoniales et/ou institutionnelles. Des contenus qui se trouvent ainsi "dé-portés" sur le web au nom d'un démarche participative, parfois pour le meilleur (cf FlickR commons ou les
institutions gardent la maîtrise des contenus), parfois pour le pire
(cf Google BookSearch)
Sur cette question de la granularité du web actuel (et de la
participation/collaboration qui y opère) : voir mon billet "micro,
méso, macro-net : les médiasphères et le moteur" : http://www.affordance.info/
- A la question "participation choisie ou participation subie ?" :
Faire attention à
ce que la participation "choisie" ne se transforme pas en participation
"subie". Par exemple se poser la question de savoir pourquoi les gens
déposent leurs vidéos de famille sur YouTube ou leurs photos de
vacances sur Flickr ? Est-ce réellement pour "participer" ? Non. C'est
directement lié à la pregnance de la facilité d'utilisation de ces
outils dans le cadre de nos habitus socio-numériques, c'est parce que c'est plus
facile, parce que c'est plus "pratique". Oui mais au-delà de cette
facilité, combien d'internautes se posent la question de savoir quels
usages pourront être faits de ces traces documentaires par d'autres
qu'eux-mêmes ? Peu. Très peu.
Bonsoir,
Moi aussi j’ai révisé pour l’émission, malgré l’absence d’outils performants pour se replonger dans le passé proche.